Depuis des mois, je passe à côté de cette femme qui vit sous le métro Jaurès, entourée de détritus et de pigeons sans jamais oser aller l’aborder. Un mélange de peur et de pudeur devant tant de misère. Vendredi dernier, en passant par-là, touché par la douceur de la lumière et la beauté de cette femme, je me suis décidé à aller lui proposer de faire une photo d’elle. Elle m’a répondu qu’il fallait lui donner un peu d’argent, car sa vie était trop dure. Malheureusement, je n’avais pas la moindre pièce dans ma poche. « Tant pis, me dit-elle, la prochaine fois ! » Je suis rapidement revenu avec un petit billet. Alors son visage a changé. Elle m’a chaleureusement remercié, a replacé correctement le gilet rose qui lui sert de foulard et a pris la pose pour moi. J’ai fait la photo et quand je m’éloignais, elle m’a dit « Je m’appelle Malika ».